Le bal retrouvé (dans la ferme)

scritto lunedì 5 ottobre 2009 alle 16:38

bal de bardak

Ce n’est point un simple endroit où aller danser. Une fabrique à argent non plus.
Les bals du collectif Kouzkmienko sont des prises de consciences, ou – si vous préférez – des gestes politiques.
Kouzkmienko ! Pour ceux qui ne le savent pas encore, il s’agit là du nom de l’heureuse tribu qui s’obstine et persévère depuis quelques années, dans l’idée que les endroits où on va s’amuser peuvent aussi être des lieux de rencontre. Car il est peut être malsain le monde où la Nuit Blanche n’est qu’une occasion annuelle d’évaluer l’attractive touristique de nos villes et se prendre une pause de la télé.
Et voilà alors : la formule est la même des Bals de Piano d’antan, avec les mêmes explosions de créativité musical, le gout pour la performance, la poésie qui passe à travers le circuit crépitant d’un mégaphone, la théâtralité, toujours la théâtralité sous-exposée dans l’allure des musiciens pauvre et bohémiens.
Vinicio Capossela, je parie mon stylo, aimerait bien s’unir à cette masse de chapeaux à la balalaïka et au trombone, un peu Tom Waits et un peu valse musette.
Mais cette fois, on objectera, on n’est plus dans la décadente usine de pianos.
Mais ils ont pensé à tout ces malins de KouzkmienkoS ; ainsi ils ont changé le nom de Bal de Piano en celui, bien plus tzigane, de Bal Bardak, peut être pour signaler l’heureuse nouveauté : l’endroit, capable (et je parle à ceux qui avaient aimé les efforts pour monter la « France des Caves » mais qui ont aussi trop transpirés sous terre et trop regretté la vielle usine de Montreuil) de faire oublier le passé récent, avec un autre passé, celui d’un impressionnisme dansant, jamais mélancolique ou anachronique, mais ivre et vivant comme un « Bal au Moulin de la Galette ».
Cet endroit est « la Ferme du Bonheur », paradis – mon Dieu, je ne veux pas être rhétorique – au milieu du béton, les tours de GothamParisDéfenseCity juste en face. De l’arrêt du RER il faut passer dans l’université et puis se jeter aux pieds des hauts immeubles tout au tour.
La ferme est une ferme pour de vrai : et ça se trouve qu’un cochon s’endorme même si vous faites beaucoup de bruits autour de lui, et on a vérifié la même chose chez les colombes qui se réchauffaient tranquilles dans le grand vacarme de la sarabande juste au dessous de leur grande volière.
Et sinon, si vous aimez le western, les chariots typiques vous attendent. Mais vous pouvez plus simplement faire connaissance du chat de la maison, qui s’occupe avec plaisir des moutons ; ou encore ignorer l’animalerie et passer directement au délire collectif d’une centaine de personnes assises par terre, qui se reconnaissent dans des cris et des gestes insensés, une façon de retourner à la réalité.
La musique est encore une fois l’indispensable hypnotisme analogique des groups historique d’une certaine Paris underground : Gallina la Lupa et Tonino Cavallo, mais aussi Imbu, Bania, Telamure, Vilain Poncko, La Grappa… Tous prêts à engager la Taranta finale, les corps morts des gens tout au tour, décimés par le rafles des tambours.
Et s’il fait trop froid à l’extérieur et sur les pelouses qui restent entre les chapitrons du cirque à coté, si vous en avez marre de bouger, ne vous inquiétez pas : le vin n’est pas chère et la soupe nous rappelle certaines dimanche passées à l’ombre du Théâtre de Verre de Louis Pasina.
Et puis quelques matelas au cas où le vin soit trop et exagérée la fatigue.

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